Décryptage : Approches thérapeutiques alternatives pour le traitement du SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth)
Journal of alternative and complementary medicine (New York, N.Y.)
2021
Nickles MA et al.
Lenoir Philippe
Le SIBO (Small Intestinal Bacterial Overgrowth) est une condition médicale caractérisée par une prolifération excessive de bactéries dans l'intestin grêle. Cette condition est souvent associée au syndrome de l’intestin irritable (SII) et peut causer des symptômes tels que des douleurs abdominales, des ballonnements, des diarrhées et une mauvaise qualité de vie, voire des carences micronutritionnelles. Le traitement actuel du SIBO est limité aux antibiotiques, mais ceux-ci ont un taux de réponse variable et n’empêche pas la récurrence des épisodes. Plantes, probiotiques, changements de régimes alimentaires : les personnes sujettes SIBO cherchent souvent des options de traitement plus naturelles, faisons le point sur ce que dit la science de ce trouble et sur les stratégies thérapeutiques complémentaires ou alternatives.
Deux principaux types de SIBO
Il existe deux principaux types de SIBO : le SIBO à prédominance d'hydrogène (H-SIBO) et le SIBO à prédominance de méthane (M-SIBO).
Le SIBO à prédominance d'hydrogène (H-SIBO).
Le H-SIBO est causé par une prolifération excessive de bactéries, qui sont souvent des bactéries Gram-positif, dans l'intestin grêle et se manifeste souvent par des symptômes de diarrhée. Les bactéries trouvées dans le H-SIBO comprennent des bactéries microaérophiles, telles que Streptococcus et Escherichia coli, ainsi que des bactéries anaérobies, telles que Lactobacillus et Bacteroides. Le H-SIBO est traité avec des antibiotiques à large spectre tels que la rifaximine. Il est important de noter que les symptômes du SIBO peuvent être similaires à ceux d'autres troubles gastro-intestinaux, tels que le syndrome de l’intestin irritable, la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. Par conséquent, un diagnostic précis est essentiel pour un traitement efficace.
Le SIBO à prédominance de méthane (M-SIBO)
Le M-SIBO est associé à une motilité intestinale retardée et à des conditions anaérobies. Les organismes identifiés comme des méthanogènes (producteurs de méthane) dans l'intestin grêle sont des organismes unicellulaires du royaume des archées, principalement Methanobrevibacter smithii et Methanospaera stadmagnae. Le M-SIBO est souvent associé à la constipation et est plus difficile à traiter que le H-SIBO.
Quelle est la prévalence du SIBO ?
La prévalence du SIBO est élevée en consultation de gastro-entérologie. En l'absence de données communautaires, les seules informations dont nous disposons sur la prévalence du SIBO proviennent essentiellement d'enquêtes rétrospectives menées dans des cohortes symptomatiques ou à risque. Par exemple, la prévalence du SIBO chez les patients atteints du syndrome de l'intestin irritable est presque 5 fois plus élevée que chez les témoins sains, indemnes de ce trouble (1).
Quels sont les causes et facteurs de risque de SIBO ?
L'intestin grêle sain utilise plusieurs mécanismes de protection différents pour éviter la colonisation et maintenir un nombre relativement faible de bactéries. L'acide gastrique, la bile et les sécrétions pancréatiques inhibent la prolifération des bactéries ingérées et oropharyngées susceptibles de migrer vers la partie distale. La motricité antérograde de l'intestin grêle, y compris le péristaltisme et la phase III du complexe moteur interdigestif ou migratoire, réduit la stase et la prolifération bactérienne. La muqueuse intestinale comprend une couche de mucus et des mécanismes antibactériens intrinsèques, tels que les défensines et les immunoglobulines. Le microbiote commensal de l'intestin grêle inhibe la colonisation par des organismes potentiellement nuisibles, voire pathogènes. Enfin, la valvule iléo-cæcale limite le mouvement rétrograde des bactéries coliques anaérobies.
Ainsi, tous les éléments perturbant le fonctionnement de cette protection contre la prolifération bactérienne représentent des facteurs de risque potentiels. De manière non exhaustive, ce sont :
-
l'antécédent de chirurgie de pontage gastrique,
-
les troubles connus de la motilité (perturbation des mouvements intestinaux) gastro-intestinale par exemple, causés par une neuropathie autonome liée à :
-
un diabète mal contrôlé,
-
l'altération de l'anatomie due à la chirurgie ou à des affections telles que la maladie de Crohn, l'entéropathie radique ou encore les maladies du tissu conjonctif comme la sclérodermie,
-
l'insuffisance pancréatique (ex : pancréatite chronique)
-
l’hypochlorhydrie (faible taux d'acide gastrique) telle que vue avec l'utilisation chronique de médicaments qui inhibent la sécrétion d'acide gastrique (ex : inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) et antagonistes des récepteurs H2),
-
les déficiences immunitaires et les causes multifactorielles
Liste des conditions augmentant le risque de SIBO :
Motilité anormale de l'intestin grêle
- Neuropathie autonome diabétique
- Sclérose systémique/sclérodermie
- Amyloïdose
- Hypothyroïdie
- Pseudo-obstruction intestinale idiopathique
- Acromégalie
- Gastroparésie
- Dystrophie musculaire myotonique
- Consommation chronique d'opiacés
- Utilisation de longue date de médicaments supprimant la motilité
Anomalies anatomiques
- Diverticulose de l'intestin grêle
- Modifications anatomiques induites par la chirurgie (gastrectomie de Billroth II, anastomose bout à bout)
- Strictures (maladie de Crohn, radiothérapie, chirurgie)
- Boucles aveugles
- Fistule gastrocolique ou jéjunocolique
- Résection de la valve iléo-cæcale
- Hypochlorhydrie
Post-chirurgie
Suppression à long terme de l'acidité
Déficit immunitaire
- Déficits immunitaires héréditaires
- Déficit immunitaire acquis (par exemple, SIDA, malnutrition sévère)
Multifactoriel
- Pancréatite chronique
- Maladie cœliaque
- Sprue tropicale
- Maladie de Crohn
- Fibrose kystique
- Insuffisance intestinale
- Entéropathie radique
- Maladie du foie
- Maladie rénale terminale
Quelles sont les conséquences négatives du SIBO ?
Outre les symptômes gastro-intestinaux tels que des douleurs abdominales, des ballonnements, des diarrhées et des constipations, le SIBO peut entraîner une malabsorption des nutriments, ce qui peut entraîner une carence en vitamines et en minéraux. Il peut entraîner également la perturbation des jonctions serrées épithéliales, ce qui augmente la perméabilité paracellulaire de l'intestin grêle, la translocation d'endotoxines et l'induction de cytokines pro-inflammatoires. Ce pourrait être l’explication de troubles extra-intestinaux comme les pathologies dermatologiques telles que le psoriasis, la rosacée et la sclérodermie systémique.
En outre, le SIBO a été associé à des manifestations extra-intestinales telles que le syndrome des jambes sans repos, les arthralgies, l'anémie, la cystite interstitielle, la prostatite chronique et la polyneuropathie, la maladie hépatique alcoolique, la stéatose hépatique non alcoolique, l'obésité et d'autres maladies (2). Cependant, il est trop tôt pour affirmer la causalité de ces troubles et non une conséquence ou une cooccurrence.
Comment réaliser le diagnostic de SIBO ?
Le test respiratoire au lactulose ou au glucose
La méthode la plus couramment utilisée pour diagnostiquer le SIBO est actuellement le test respiratoire au lactulose ou au glucose. Ce test est une méthode indirecte pour diagnostiquer le SIBO, car le lactulose n'est pas absorbé ou utilisé par le tube digestif humain, mais est métabolisé par les bactéries pour produire de l'hydrogène et du méthane. Ces gaz sont ensuite mesurés par chromatographie en phase gazeuse. Si les niveaux d'hydrogène et/ou de méthane sont élevés dans l'air expiré, cela peut indiquer une prolifération bactérienne excessive dans l'intestin grêle.
Ces tests impliquent que le patient ingère du glucose ou du lactulose, suivi de la mesure des niveaux de gaz expirés à intervalles réguliers. Une augmentation absolue de l'hydrogène supérieure à 20 ppm par rapport à la ligne de base dans les 20 minutes suivant le test respiratoire au lactulose ou au glucose, ou un niveau de méthane supérieur à 10 ppm à n'importe quel moment pendant le test, est généralement diagnostique du SIBO. Cependant, il est important de noter que la sensibilité et la spécificité des tests respiratoires pour le diagnostic du SIBO peuvent varier considérablement selon les études.
Le test respiratoire au glucose présente une sensibilité de 20% à 93% par rapport au « gold standard » que représente la culture de l'intestin grêle et une spécificité qui varie de 30% à 86% selon les études. Le test respiratoire au lactulose présente une sensibilité variant entre 31% et 68% par rapport à la culture de l'intestin grêle et une spécificité de l’ordre de 30% à 86% (3).
En outre, les tests respiratoires peuvent manquer certains types de SIBO, tels que le M-SIBO et le H-SIBO distal, ce qui peut entraîner des résultats faussement négatifs. Par conséquent, le diagnostic de SIBO peut être difficile et les tests respiratoires ne sont pas t
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