Décryptage : Efficacité des interventions diététiques dans le traitement de l'endométriose

Modifications diététiques pour l’endométriose : pas de recommandation des autorités de santé et des sociétés savantes…

En raison de l'absence de littérature scientifique suffisamment abondante et de qualité, la Haute Autorité de Santé (HAS) n’émet aucune recommandation de bonne pratique spécifique sur l’alimentation pour la gestion de l’endométriose douloureuse, idem pour la Société Européenne de Reproduction Humaine et d’Embryologie (ESHRE) en 2022(1). Les experts justifient leur position par l’absence de clarté à propos des avantages et des inconvénients des modifications alimentaires. En effet, il existe très peu d'études, de qualité limitée, évaluant les avantages des interventions diététiques et leurs effets sur les symptômes de l'endométriose.

… malgré de potentiels effets physiologiques.

Pourtant, l'hypothèse selon laquelle le régime alimentaire pourrait affecter les symptômes de l'endométriose a été largement avancée sur l'observation selon laquelle l'alimentation peut affecter plusieurs processus tels que l'inflammation, le métabolisme des prostaglandines et l'activité des œstrogènes.

Des comorbidités qui poussent à investiguer l’aspect diététique des causes de l’endométriose.

De plus, une étude (Schink, et al.) a montré une prévalence plus élevée d'intolérances alimentaires (25,6 % contre 7,7 %), d'allergies (57 % contre 31 %) et de symptômes gastro-intestinaux (77% vs 29%) chez les femmes atteintes d'endométriose par rapport aux témoins (2).

Les changements de mode de vie sont souvent entrepris en pratique et sont estimés globalement efficaces.

Par ailleurs, cette absence de recommandation diététique tranche avec ce qui se passe sur le terrain. En effet, selon une enquête nationale australienne en ligne (Armour et al., 2019 ) :

• 76 % des femmes atteintes d'endométriose utilisent des stratégies d'autogestion (divers soins personnels et choix de mode de vie tels que la méditation, l'exercice et la nutrition) ;

• 44 % des femmes ont essayé de gérer elles-mêmes leur endométriose en adaptant leur régime alimentaire, par exemple en adoptant un régime sans gluten ou végétalien ;

• l'efficacité des choix alimentaires a été évaluée à 6,4/10 (3).

Recrutées sur un forum de soutien suédois, Karlsson et al. ont menés en 2020 des entretiens qualitatifs semi-structurés auprès de 12 patientes atteintes d'endométriose qui avaient effectué des changements alimentaires individuels et des modifications de mode de vie visant à diminuer leurs symptômes d'endométriose (4). Ils ont constaté :

• une diminution de leurs symptômes,

• une augmentation de leur bien-être et leurs niveaux d'énergie,

• une compréhension plus profonde de la façon dont elles pouvaient influencer leur santé en écoutant les réactions de leur corps.

Si aucune généralisation ne peut être tirée de cette publication, il semble que :

• les personnes atteintes d’endométriose se débrouillent entre elles (par exemple sur des forums),

• leur expérimentation d’un nouveau mode de vie soit parfois gagnant.

Quelle stratégie diététique adopter selon les auteurs ?

Dans cette synthèse exhaustive de la littérature scientifique, les auteurs proposent une stratégie nutritionnelle d’accompagnement des symptômes de l’endométriose :

• 5 mois de régime méditerranéen « fait-maison » ;

• si des symptômes digestifs sont présents (douleurs abdominales d'origine gastro-intestinale, ballonnements, constipation, ainsi que suspicion d'hypersensibil